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BARRANCA
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BARRANCA / ÉPISODE 35

1/26/2018

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Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5. Sauvé de justesse par Caroll, Victor arrive dans une communauté de marginaux à l'extrémité de la ville mise à mal par l'ouragan... ​​

Il avait l’esprit pratique. L’idée de la transformation de voitures, c’était de lui aussi. Au fil des mois, c’était devenu le domaine de Mik, mais chacun apportait sa petite occasion à réparer. Ce business permettait au groupe de vivre d’une façon autonome et ça n’empêchait pas pour autant de fréquenter l’université, sans subventions ni aumône de quelque sorte. Eduardo laissait à qui le demandait la maison principale. C’était le lieu de réunion. Il y avait installé un petit coin, dans la grande pièce centrale, où il pouvait composer avec sa main droite encore valide. Il monnayait ses compositions aux Black Horses qui lui étaient restés fidèles.
– On récupère des épaves et on les rénove ou on les customise si on nous le demande. On en fait des modèles uniques et rares, et elles prennent de la valeur. On les revend. Ça nous permet de bouffer. Il ajouta : Si tu as besoin du garage pour réparer ton bus... c’est possible... Pour les outils, vois ça avec Mik, c’est lui qui gère le coin mécanique. 
– Tu penses qu’il serait possible d’aller chercher mon bus ? 
José se grattouilla le sommet du crâne, scruta les alentours avant d’annoncer :
– On va se démerder...
 
Mik était sorti et démarra au volant d’un buggy qui fit un bruit monstrueux. Ça ne ressemblait plus à une Volkswagen : il avait tronqué l’arrière, laissant le moteur à l’air, et scié les ailes et l’avant. Deux phares de moto sur le capot remplaçaient ceux des ailes disparues. Les roues étaient surdimensionnées. La carrosserie avait été peinte en bleu, rouge et jaune par José avec des motifs délirants. Mik commençait à reculer dans l’allée en terre battue, lorsque Darleen sortit de la caravane. Mik l’attendit les yeux mi-clos à cause du soleil. Il couvrit ses paupières avec sa main, à la façon d’un Indien, et se tourna vers moi : 
– Victor, j’ai du boulot pour toi si tu veux... Ce n’est pas ce qui manque ici depuis la tempête.
– Ça tombe bien, j’en ai salement besoin. C’est quoi, c’est où ?
– Du côté de Linda Vista Road, en haut d’Alameda, c’est un chantier de quelques jours... Je ne peux pas y aller. Tu y vas à ma place, tu demandes Ron. Il a une vieille Ford pick-up bleu clair. C’est le chef du chantier. Demain à sept heures. Sois ponctuel. 
– Je viens de ta part ?
– Oui, ça peut le faire… 
Mik avait déjà bossé avec ce Ron par le passé. Il suffisait que je dise que je venais de la part d’un certain Boule ou bien Bill et que je le remplaçais. 
– Boule, tu dis ?
– … Ou Bill ! L’un ou l’autre fera l’affaire. Ils sont deux patrons. Ils ont besoin de quelqu’un de toute façon. 
Ça tombait à pic. Il était urgent que je remonte mon trésor de guerre. Je pensai soudain à ma carte de séjour. Je n’avais pas vraiment le droit de travailler, mais j’en restai là. Je préférais ne pas trop inquiéter Mik sur ce point. Il me restait quelques heures pour tenter de régler mon problème de carte de sécurité sociale. Je le remerciai mais il ne prêta pas plus d’attention que cela à mes remerciements. 
– On ira chercher ton bus après-demain. Parole !
Je n’y croyais plus. 
– N’oublie pas : Linda Vista Road, demain matin, en tout cas, mec.
– Je t’ai dit que j’y serai, Mik, et j’y serai ! 
Eduardo, l’air entendu, d’un même signe de la main dit à la fois bonjour à Mik et au revoir à Darleen. Mik enclencha la première. Lorsqu’il passa le chemin en terre, j’aperçus pour la première fois le panneau de bois fendu à l’entrée du terrain, qui indiquait aux visiteurs : BARRANCA.


Chers amis lecteurs, BARRANCA va faire une petite pose pour les vacances et reprendra ultérieurement. Merci de votre attention et de votre compréhension, à bientôt. 
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BARRANCA / ÉPISODE 34

1/19/2018

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La voix de José me surprit.
– ... Heu... non, j’ai cru voir un truc hier  soir, une sorte de longue forme arrondie. Comme une planche à repasser géante...
– Ici, tu sais, il y a surtout des bagnoles... Là, c’est la maison de Mik... José me désignait la première maison que l’on voyait en entrant sur le terrain. Et là, c’est chez moi. José indiquait un vieux chalutier dont la proue pointait vers la maison. 
– Tu crèches dans le bateau ? 
– Oui, et je n’ai pas le mal de mer. À l’occasion, passe, je te ferai visiter. Et là-bas c’est le coin d’Eduardo et Darleen...
– Dans la caravane ?
– Oui, c’est la caravane d’Eduardo. LA caravane d’Eduardo ! 
Il insista sur le LA pour bien exprimer le caractère unique de l’agencement mais aussi la personnalité du propriétaire. La caravane d’Eduardo était composée de deux Airstream soudées l’une à l’autre en forme de V assez large. Eduardo aurait aussi bien pu enlever les roues, elles n’avaient plus aucune utilité, mais il trouvait que sans roues ce n’était plus vraiment une caravane... Ça aurait ressemblé à n’importe quel refuge ordinaire en tôle de zinc, alors il avait gardé les roues. 
– Et puis comme ça il peut toujours tourner en rond ! précisa José en s’esclaffant.
Finalement, ça faisait un beau morceau de caravane, confortable. Eduardo vivait là avec Darleen. Le mobile home n’avait plus l’allure rutilante du départ mais un aspect plutôt terne auquel Eduardo avait ajouté sa touche : les fenêtres d’origine avaient été remplacées par des hublots de différentes tailles, soudés çà et là en fonction des récupérations. Ça donnait à l’ensemble un air de soucoupe volante. Un tuyau d’arrosage en caoutchouc rouge apportait l’eau courante en la réchauffant dans la journée. Le reste de la place était occupé par un enclos avec deux chèvres et trois vieilles voitures : les deux chèvres étaient là pour le lait, les voitures attendaient une éventuelle transformation. Mais ce n’était pas pressé, « il y aura bien un acheteur », disait-il.
Au départ, le terrain était celui d’Eduardo qui l’avait acheté à l’époque où ça ne valait encore presque rien par ici. Il avait vu large. Depuis, ça s’était loti alentour et le prix du mètre carré avait explosé. 
Eduardo avait été un des musiciens des Black Horses, un groupe de folk chicano local. Le groupe cartonnait dans la région, et Eduardo empochait pas mal de fric. Mais à la suite d’un accident de moto sur la corniche, il avait perdu l’usage de sa main gauche et ne pouvait plus gratter la guitare. Ses quatre partenaires, chicanos comme lui, avaient continué avec un autre guitariste. Il ne leur en gardait pas rancune et suivait le groupe de loin. Depuis, il restait près de sa caravane mais il aimait toujours vivre en groupe. Alors il avait accueilli ses copains sur son terrain sans aucune contrepartie. La taxe foncière était abordable et chacun participait à hauteur de ses moyens. Tous comprenaient l’équilibre à trouver, et le groupe fonctionnait sans accroc sur cette base. 
Eduardo possédait aussi le garage qui servait d’atelier.

(À SUIVRE)
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BARRANCA / ÉPISODE 33

1/12/2018

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Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5. Sauvé de justesse par Caroll, Victor arrive dans une communauté de marginaux à l'extrémité de la ville mise à mal par l'ouragan... ​​

Sa chemise ouverte laissait entrevoir la peau finement duvetée de sa cuisse à quelques centimètres de mon genou. Elle saisit la tasse de thé que Dan lui avait servie. 
– C’est le troisième bus ces jours-ci. Ça met du beurre dans les épinards... 
Mik s’immobilisa sur le pas de la porte de la cuisine :
– Je vais à USC, Darleen, je peux te déposer si tu veux...
Elle tenait sa tasse à hauteur de ses lèvres dans un mouvement arrêté.
– À quelle heure ? 
– Un quart d’heure...
– Je serai prête.
Elle goûta son infusion.
Mon sauvetage restait encore possible pour ce matin. Avec un peu de chance… 
Le bain était prêt. Darleen ôta sa robe, enjamba le rebord de la baignoire et s’engloutit dans l’eau tiède. La porte resta ouverte. Elle poursuivit la conversation depuis la baignoire.
– Ça vous dit, une « spéciale poubelles » un de ces soirs pour arroser l’arrivée de Victor ?
Mik n’avait pas franchi le seuil de la pièce, il leva simplement le pouce en signe d’approbation.
– Vendu ! fit simplement Darleen du fond de son bain. Victor et José se chargent des courses, moi je n’ai pas le temps ces jours-ci… 
Je rassemblai ma vaisselle et cherchai une place dans l’évier, en vain. 
– C’est quoi, une « spéciale poubelles » ? risquai-je.
– On fait le tour de tous les supermarchés de la ville, on récupère tout ce qui est encore à peu près consommable dans les poubelles et on en fait une grande soupe dans un chaudron. C’est une occasion de bien bouffer. On y trouve ce que l’on ne peut pas se payer habituellement, précisa Darleen.
Les soirées « spéciales poubelles », c’était aussi un bon moment pour faire une fête. La petite bande se réunissait sur le terrain vague derrière la maison en mangeant, buvant, écoutant de la musique devant un grand feu. 
– On fixera la date, avança José en inspectant les casseroles dans l’évier, avant de renoncer à faire la vaisselle. Il empila finalement ses couverts sur le tas précédent. Probablement plusieurs jours que ça durait comme ça.
Je sortis un instant sur le perron. Les taillis alentour étaient embarrassés par des épaves de voitures et quelques vieilles Harley-Davidson incomplètes... Le vaste terrain m’apparaissait encore plus encombré que la veille. Il y avait des pièces détachées un peu partout, posées çà et là. C’était une véritable casse. J’avançai vers l’angle de la maison…
– Tu cherches quelque chose ?

​(À SUIVRE)
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BARRANCA / ÉPISODE 32

1/5/2018

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Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5. Sauvé de justesse par Caroll, Victor arrive dans une communauté de marginaux à l'extrémité de la ville mise à mal par l'ouragan... ​

On pouvait congeler du shit ! De l’herbe congelée qui décuplerait ses effets ! En tout cas, ça valait la peine d’essayer. 
Dans une atmosphère hilare, les plans sur la comète fusèrent. En premier lieu, il fallait trouver le moyen de descendre la température au niveau du zéro absolu, c’est à dire moins 273 °C. Dan nous rappela ironiquement, « mes petits chéris », que l’hydrogène se liquéfiait lorsqu’on le refroidissait à une température inférieure à moins 250 °C et qu’il suffisait de poser quelques feuilles dans un bol et de l’immerger dans de l’oxygène liquide. « CQFD ! » ajouta-t-il en se redressant. 
Récupérer un peu d’oxygène liquide, cela ne devait pas réellement poser de problème pour des habitués des couloirs de physique à USC. Tous se regardèrent, sourire malin au coin des lèvres, en se demandant qui allait dégainer le premier.
– Pour l’oxygène, pas de problème, il y a une bouteille pratiquement pleine dans mon labo. Je dois pouvoir aller la chercher un de ces jours. C’est lourd. Qui viendra ? fit Dan, en tête.
Il était clair que l’expédition comportait des risques. Mais nous étions comme des gosses, fous de joie à l’idée de cette découverte essentielle qu’il fallait absolument vérifier sans délai. De toute façon, la transgression faisait partie intégrante du plaisir de la bande. 
Il fallait rejoindre le labo, trouver une clef, récupérer la bonbonne, acheter une bonne quantité d’herbe, suffisamment pour une bonne expérimentation, et revenir ici. Pas simple par ces jours où les flics étaient partout. Je levai la main avec conviction. Darleen en profita pour me nicher un joint entre le pouce et l’index. 
Alors là, nous partîmes en roulades sur la moquette sale, le tas de corps se défit soudain. Nous nous éparpillâmes dans un flot de suggestions plus délirantes les unes que les autres. Chacun roula de son côté sous l’effet de l’enthousiasme. Ma galipette m’immobilisa au centre de la pièce, juste sous le trou d’où Dan était sorti quelques heures plus tôt. La corde se balançait sous mon nez. Mon regard ne quittait plus cette niche inimaginable ornée de centaines de bouquins. Ces mecs étaient dingues et je compris que j’adorais cette folie. Il était plus sûrement onze heures et moi qui ne croyais pas à grand-chose, je me surpris à bénir le chemin qui m’avait conduit jusqu’ici. 
À ce rythme, mon minibus n’était pas près d’être remis sur ses roues et je m’en fichais. 
Dan fixa le jour où nous irions chercher la bonbonne. Darleen se leva, entra sans la salle d’eau et fit couler un bain, puis elle vint s’asseoir près de moi sur le banc en attendant que la baignoire se remplisse. 

(À SUIVRE)
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