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BARRANCA
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BARRANCA / ÉPISODE 22

10/27/2017

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Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5. Sauvé de justesse par Caroll, Victor arrive dans une petite maison en bois à l'extrémité de la ville... 

Caroll bredouilla :
– Quand t’as été viré du lycée... Tu t’en es sorti... Je veux dire... La maison, tout ça...
– Ça c’est ton obsession, ma vieille. Il n’y a pas de sortie, il n’y a que des entrées... Les apparences sont parfois trompeuses. 
Dan se tourna vers moi. 
– Excuse-nous, Victor, c’est une vieille histoire. 
Il se retourna vers Caroll. 
– Ce qui importe, c’est ce que je suis aujourd’hui, pas ce que je deviendrai.
– On dit ça...
– À Presidio Hill, sûrement ! 
Dan désigna la maison. 
– Tu vois, ici, ce n’est pas ma préoccupation première, regarde, ma belle, on brinquebale de partout et pourtant ça tient encore... 
L’air était doux et la nuit noire, sans lune. Mes yeux s’habituaient progressivement à l’obscurité. Nous étions entrés sur le terrain par une allée boueuse bordée de taillis sauvages. J’apercevais difficilement, çà et là, trois ou quatre motos et quelques voitures poussées au hasard de la place disponible, jusque dans les feuillages. La plupart étaient démontées ou bien à l’état d’épaves. Quelques chromes encore intacts luisaient sous la lumière de la petite ampoule. La rutilante Corvette de Caroll détonnait singulièrement dans cet entassement de ferraille rouillée. La démarche de Caroll était claire : elle pensait que j’allais trouver ici l’aide nécessaire pour retaper mon minibus.
Les arbres, indéfinissables masses sombres, donnaient à l’ensemble des contours imprécis et rajoutaient à l’impression générale de fouillis. Une haute forme oblongue était arrimée à l’extrémité de la façade. Cette silhouette, trop immobile parmi les branchages, n’avait rien de naturel. Les ombres se superposaient aux ombres et je n’arrivais pas à déterminer ce que c’était. Je scrutai les massifs sans parvenir à distinguer quoi que ce soit. 
– Il est temps de rentrer ! 
Je sursautai, la voix ferme de Dan était sans appel.
Il avait pivoté sur lui-même et tenait la moustiquaire d’une main, de façon à ce que nous passions sous son bras tendu, à la manière d’une passe de rock… ou d’une fourche caudine. 
Caroll entra la première. J’eus une pensée furtive pour mon bus là-bas couché sur le sable lorsque je pénétrai à mon tour à l’intérieur. J’eus du mal à franchir la porte avec mon sac. Un vieux canapé vert recouvert de tissus variés trônait au centre de la vaste pièce parsemée d’objets hétéroclites. De grandes fresques, ou plutôt des graffitis, bariolaient les murs. Par endroits, l’ancien papier mural apparaissait entre deux peintures inachevées. Au coin, les parpaings étaient apparents, cernés par des chambranles rouge vif ou bleus, vraisemblablement selon le pot disponible. Le parquet était recouvert d’une vieille moquette aux auréoles douteuses. Le tumulte de voix faisait également partie du décor, dans une atmosphère enfumée. Musique, chaleur et bordel. 
Le plus difficile était d’avancer en évitant les multiples cendriers éparpillés sur le tapis central. Je me demandai où je pouvais me glisser.
– N’importe où… suggéra une voix dans la pénombre. 
J’aperçus quatre silhouettes allongées à même le sol. 

​(À SUIVRE)
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BARRANCA / ÉPISODE 21

10/20/2017

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Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5. Sauvé de justesse par Caroll, Victor arrive dans une petite maison en bois à l'extrémité de la ville... 

Le regard était pointu et n’avait pas attendu que nous ayons franchi le perron.
– Salut Nasty Tales ! répliqua Caroll, sans sourciller.
– Vraiment, je n’arrive pas à le croire... Tu peux me dire ce que tu fiches ici ?
– Je savais que vous seriez là... 
– « Je savais que vous seriez là »... et ça c’est une raison valable ? Tu te pointes sans prévenir et juste parce que tu savais qu’on serait là... 
– Je veux dire, la tempête ne vous a pas chassés ? 
– La tempête, on s’en bat les couilles ! 
– … Je vous amène un visiteur. 
– Ah, je me disais bien… Bonjour Visiteur... Moi c’est Dan.
Dan était pieds nus et vêtu d’un survêtement gris avec quelques trous de cigarette sur le devant. Il ouvrit la porte au fin grillage, me considéra avec un sourire méfiant et me serra la main sur le perron. Puis il s’adressa directement à Caroll :
– Ça faisait un bail qu’on n’avait pas vu ta tronche ! 
– On n’est pourtant pas si loin les uns des autres... 
– C’est une distance qui est plus difficile à franchir que tu ne crois... La vraie difficulté, ce n’est pas l’éloignement… 
Dan se ravisa. Il se dit qu’il n’était pas très utile de partir sur ce terrain-là. 
– Tu as enfin réussi à trouver la sortie de Presidio Hill ou bien tu as décidé de venir goûter aux ivresses de la vie débauchée de South Pass ? 
Caroll se contenta d’un rictus. 
La maison en lattes de bois était éclairée par une seule petite ampoule de soixante watts, suspendue au-dessus de la porte par deux fils dénudés. Un halo blafard accentuait à peine les ombres portées sur une dizaine de centimètres. 
– Visiteur, bonsoir ! me lança Dan.
Caroll agrippa ma manche. Je réalisai que c’était la première fois qu’elle me touchait. Elle coupa :
– Son nom, c’est Victor. Elle leva les yeux au ciel comme tout à l’heure, en quête d’une salutaire madone. Dan ne respecte jamais rien, fit-elle à mon adresse.
– Salut, Visiteur Victor ! appuya aussitôt Dan. 
– Tu te fous toujours de tout... C’est tout de même à la limite de la politesse... 
– Si t’es revenue pour faire la morale, tu peux retourner à Presidio Hill. Si tu nous l’as amené ici – Dan me désignait du pouce –, c’est sans doute qu’il n’est pas assez bien pour chez toi… 
– Si je gêne, mec, je… fis-je, en reprenant mon sac.
– Allez, Victor, c’est bon ! Dan me saisit par l’épaule en refoulant la moustiquaire. Quel vent t’a poussé jusqu’ici ?
En guise de présentation, Caroll brossa rapidement l’aventure qui m’était arrivée, le minibus couché sur le sable, tout le fourbis et la tête de naufragé déconfit que j’avais à son arrivée. Elle rit. Je pris conscience de la gueule que je devais avoir. 
Elle jeta un coup d’œil circulaire sur la construction en bois, puis se tourna vers Dan sans se soucier de ma réponse. 
– J’étais sûre que tu t’en sortirais…
– M’en sortir de quoi ? 

(À SUIVRE)
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BARRANCA / ÉPISODE 20

10/13/2017

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Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5, sauvé de justesse, Victor roule sur la plage dans la Corvette rouge de Caroll. Vers quelle destination ?

Les rares voitures roulaient au pas afin d’éviter les débris sur la chaussée. À quelques pas du Niagara, deux puissants 4x4 étaient arrêtés sur le bas-côté, gyrophares tournants. Quatre flics agités arrachaient frénétiquement des lambeaux de papier collés sur le parapet.
– Qu’est-ce qu’ils foutent ? fis-je en me massant la nuque. Ils feraient mieux de déblayer les débris qui traînent sur la chaussée...
– Je ne sais pas... 
La Corvette arrivait à la hauteur des deux tout-terrain. Caroll baissa sa vitre et interpella l’agent :
– Ah ! encore ces posters, messieurs ? On n’en avait plus vu depuis quelques semaines. Ça refait surface, ces machins ?
– Hélas, mademoiselle ! Ces affiches, c’est pire que l’ouragan. Vous voyez, il y en a tout le long, jusqu’au croisement… On doit tout arracher, ordre du maire. Faites attention, il n’y a plus de lumière par là...
La Corvette fit un bond et franchit l’intersection. L’air avait fraîchi, Caroll remonta la vitre, et la musique fut d’un coup plus présente. Caroll accéléra comme si le lieu était maudit. Malgré l’accélération brutale, j’avais eu le temps d’apercevoir quelques mots : ... la part chiée du hachis papal... Le début et la fin de la phrase étaient illisibles. C’était inscrit en biais sur toute la largeur de l’affiche lacérée. 
– C’est quoi cette bouffonnerie ? 
– Je ne sais pas... Je n’y connais rien à ces trucs, dit Caroll, gênée. Ce sont des affiches avec des obscénités. Le mois dernier, pendant quinze jours, ça a poussé comme des champignons en ville. Il y en avait beaucoup. Depuis quelques semaines, elles n’étaient pas réapparues... Et les voilà à nouveau ! C’est dégoûtant ! Il y a toujours des gens pour salir... On voit bien qu’on approche de la période électorale !
Un silence suivit le carrefour de Park Road. Caroll avait perdu son sens de la dérision. 
Juste après San Clemente Canyon, la langue de terre était très étroite. La tempête avait dû être plus violente de ce côté, et des tronçons entiers de palmiers jonchaient les immenses mares d’eau. Nous passions les dernières habitations lorsque le panneau indiquant la fin de l’agglomération apparut dans la lueur des phares. 
Il n’y avait plus d’éclairage public depuis quelques kilomètres déjà. La Corvette ralentit et tourna sur la dernière route à droite après la sortie de South Pass. À une centaine de mètres, entre deux haies sauvages, nous nous engouffrâmes sur un petit chemin de terre. Au bout, à peine éclairée, se tenait une maison en bois.
– Tiens, une revenante !
La voix jeune et précise nous parvint de la fine moustiquaire derrière laquelle deux cercles métalliques nous fixaient. 

​(À SUIVRE)
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BARRANCA / ÉPISODE 19

10/6/2017

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Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5, sauvé de justesse, Victor roule sur la plage dans la Corvette rouge de Caroll. Vers quelle destination ?

​Nous arrivions à proximité des premières maisons. Le bitume était réapparu sur la chaussée. Nous contournions Belmont Park par San Clemente Canyon, une avenue à double voie bordée de palmiers. Une citadelle illuminée dominait la ville. Au-dessous, un gigantesque complexe aquatique dont l’enseigne démesurée affichait d’une écriture bleutée Los Rios Pool. Un logo de néon dessinait un visage enfantin dont la bouche souriante était une bouée de bambin. 
– C’est à cause de cette histoire d’aéroport que tu es venu faire l’idiot sur la plage ? 
– En quelque sorte.
Nous longeâmes le port de plaisance par la route côtière jonchée de débris et de flaques d’eau. Plusieurs bateaux gisaient sur le flanc ou s’étaient hissés jusque sur le ponton. D’autres ne laissaient plus émerger que leur proue, la coque éventrée. Les mâts que l’on admirait habituellement, fièrement dressés, se croisaient à présent en tous sens, à la manière d’un grand mikado. Ça ne ressemblait plus à rien. Le spectacle était désolant. 
Les beaux quartiers se trouvaient de ce côté de Santa Clara. Nous roulions au bas de Presidio Hill. Le quartier résidentiel, accroché au flanc de la colline sous la citadelle, arborait ses villas luxueuses aux parcs illuminés en dépit de la tempête, entourés de grilles savamment torsadées. Les villas assoupies paraissaient apaisées par les premières soirées de calme, mais en réalité chacune ne dormait que d’un œil. Une intense mais invisible activité électronique subsistait sous cet apparente sérénité. Les murs hérissés de pics menaçants brandissaient leurs caméras de surveillance. L’air y était électrisé, verrouillé de systèmes d’alarme les plus sophistiqués, traquant les ombres, guettant sans relâche de leurs yeux cathodiques le moindre lambeau de sueur basanée. Sur le terre-plein central de l’avenue, le gazon fraîchement tondu mettait en valeur les vivaces et les annuelles des massifs floraux. La mairie avait eu la main lourde sur les agastaches pourpres et les penstémons pour que les bordures restent fleuries en toutes saisons. De ce côté des urnes, on n’avait pas lésiné sur la dépense. Le hasard fait décidément bien la répartition des budgets municipaux. 
À la perpendiculaire de Canyon Avenue, Caroll pointa son doigt avec insistance vers une maison à mi-colline. Un sourire forcé relevait les coins de sa bouche et lui donnait un air de petite fille qui aurait commis une bourde irréparable. 
– Hin, hin ! grimaça-t-elle en sautillant d’un air excité sur son siège.
Il me fallut comprendre que derrière cette palissade fleurie se trouvait sa maison. 
– Chez mes parents ! précisa-t-elle, presque à s’excuser du bonheur, du haut de ses seize printemps. 
Vu l’allure soutenue, je compris que ce n’était pas là qu’elle allait me débarquer. Elle devait penser que le coup de la Corvette en guise de cadeau d’anniversaire suffisait pour aujourd’hui et qu’il était inutile d’en rajouter une couche. Elle accéléra comme pour effacer le trop-plein. 
Un feu rouge nous arrêta au coin d’Alameda, devant le parking déserté du grand supermarché Niagara. Quelques vitres de la façade avaient volé en éclats, à l’intérieur des éclairages pendaient des faux plafonds. 
– Là, juste en face, tu vois, c’est la grande église de Santa Clara, la fierté du maire ! 
Caroll m’indiquait le bâtiment moderne en béton brut avec une croix en néons multicolores. Plusieurs d’entre eux pendouillaient à présent. 
Malgré la terrible nuit, la chaussée vibrait encore sous la chaleur de la journée, faisant se refléter les feux de signalisation qui se répétaient à l’infini. Ils clignotaient alternativement et se fondaient dans un trou noir dont je n’apercevais pas l’extrémité. Je reconnus de loin l’enseigne rose du Marietta Hotel. En face, la gare routière débitait à nouveau le trafic de bus qui avait été interrompu par la tourmente. Comme si rien ne pouvait attendre, la ville avait déjà la fringale de repartir aveuglément dans sa course folle. Un sentiment me serra l’estomac. C’est là-haut que ce matin je m’étais éveillé avant de conduire Romane à l’aéroport… 
Quelques centaines de mètres plus loin, les lampadaires se firent plus rares, Caroll dut ralentir. De ce côté, la ville prenait une allure de couvre-feu. 
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    ​Livre papier, 
    format 12,5 x 20 cm, 418 pages,
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    Prix TTC : 19,50€ 
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