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Résumé : Leurs examens réussis, à la suite d'un pari de jeunesse insensé, Victor et Romane se sont donné rendez-vous dans une petite ville inconnue, du sud des Etats Unis, Santa Clara. Victor trouve à se loger dans la pension glauque de Mamma Gloria. Romane est arrivée. Victor vient d'avoir une grande idée... - Alors là arrête, je t'en supplie ! On avait dit une semaine, on y est, pour le reste arrête un peu... - Tu ne veux pas savoir ? - Non ! - Ah, le bel esprit révolutionnaire, qui garde les yeux fermés ! - Tu m'emmerdes ! J'ai sûrement un job à la fin de la semaine, tu le sais... - Ah, oui, David et la solidarité bla, bla, c'est une grande et noble idée ! - Et tu le gagnes comment ton fric, toi ? Juste pour bouffer… - Nous y voilà, croûter ! En réalité tu as trouvé ce truc pour ne pas bouger... Tu veux rester dans un cocon qui ressemble à celui que tu viens juste de quitter... La réinsertion par le travail ! Grandiose la perspective ! Payée pour faire bosser les autres et engraisser une économie qui se nourrit de toujours davantage de taxes sur le dos du peuple... En réalité ma vieille, tu finiras comme les autres, bouffée par le quotidien, happée par les urgences. Au mieux tu seras syndicaliste et au pire tu seras une femme politique. Tu prendras les bonnes habitudes : La langue de bois, les discours limés, les petites compromissions. Peut-être un jour tu seras élue. Alors tu finiras par protéger ton siège. Tu seras prête à tout pour cela et tu mèneras tout le monde en bateau.... Beau programme en vérité ! - Tu me fais marrer Victor, on en a discuté mille fois. Moi je ne fuis pas ma responsabilité. Il faut faire face, il faut se battre et le seul antidote connu c'est ... - ... La liberté ! - La liberté ? Quel grand mot où il est fastoche de tout mettre en vrac ! Ça te ressemble ! Le débat d'idées, l'échange de points de vue, la lutte sur le terrain, c’est plus difficile, c'est autre chose que la fuite ! - C'est un vieux monde pour lequel tu veux te battre, Romane... Tout ce système va tout droit vers la promotion intensive de candidats fantoches désignés par avance à l'aide d'un marketing soigneusement orchestré... Moi aussi j'ai envie de bousculer les choses, mais je ne sais pas où il faut aller... je n'ai pas tes certitudes…Je ne les imposerai pas aux autres ! - C'est aux mouvements politiques d'engager ces changements. Tu ne feras rien tout seul ! T’es con ou quoi ? - Il sera trop tard, ma vieille. Tu causes déjà comme une apparatchik... Tu seras dedans jusqu'au cou... Il faut en finir avec ça... la terre est ronde... Regarde ! Je pointais mon doigt vers la fenêtre mais je me rendis compte qu’on ne voyait pas vraiment la rotondité de la terre. Juste le mur de brique triste et dégoulinant de l’immeuble d’en face. L’effet était naze. La démonstration tombait totalement à plat. Je me reprenais vite fait. - La démocratie c'est aussi le droit de ne pas suivre le troupeau. Il s'agit de faire autrement et cet autrement ne se décrète pas de l'intérieur. Il faut inventer... ouvrir des brèches dont nous n'avons même pas l'idée aujourd'hui... Je sortis le bouquin de Moitessier du fond de mon sac, je lui glissais sous le nez. - Écoute ! « Je n'en peux plus des faux dieux de l'Occident, toujours à l'affût comme des araignées, qui nous mangent le foie, nous sucent la moelle. Et je porte plainte contre le Monde Moderne, c'est lui, le monstre. Il détruit notre terre, il piétine l'âme des hommes ». Voila ce qu’écrit Moitessier dans « La Longue route ». C'est lui le véritable révolutionnaire ! Romane finissait de ranger ses vêtements dans sa valise. - Des gens comme lui, des marginaux, des artistes, ont plus changé l'humanité que tous les héros de tes révolutions. - Tu en es bien sûr, Vic ? - Partout, les gens se terrent tels des rats, comme ici, dans les abris municipaux. Ils s'enfouissent comme les morts ! Tu ne feras pas la révolution avec des morts ! - Ils n'ont peut-être pas tort de s’enterrer pour se protéger. J'espère qu'on ne fait pas une connerie... - La tempête va nous passer sur le corps cette nuit ! Fis-je bravement. Nous allons vivre le plus grand moment de notre existence, une sensation soufflante ! - Peut-être aussi le dernier... Romane visa le plafond du couloir. - Pourvu que ça tienne le coup ! Elle avançait prudemment jusqu'à la porte de la chambre : Nous sommes seuls ici, à présent... C'est lugubre ! Elle se blottit dans mes bras. - Un quatre-quarts, ça te dirait ? - T'en a un ? On n'en a pas acheté hier, que je sache... - Je t’en fais un, Romane ! Là je me surprenais décidément… - Et une bouteille de vin du Chili ! J'en ai trouvé hier à l'épicerie. - Avec quoi tu le fais ? J'ouvris la porte de la chambre, la mare s'étendit instantanément autour de nos pieds, jusqu'au tapis usé. - Œuf, farine, beurre, sucre... Tu sais comment c'est fait un quatre-quarts ? - Parce que toi, tu sais ! - Ça peut le faire pour un anniversaire ! Je tournais en cercle autour de Romane. Je m'arrangeai pour arriver pile devant le cageot qui servait de buffet. J'attrapai la boîte d'œufs, la farine, le paquet de beurre et le sachet de sucre. - Oui, ma vieille : Il faut exactement le même poids d'œufs, de farine, de beurre et de sucre... E-xa-cte-ment... Et ça fait un gâteau ! Extraordinaire, non ? - Le même poids ?... - Le même poids ! Le vent sifflait dans les fils électriques, la baie vitrée tremblait. - Et avec quoi tu le mesures le même poids ? On n'a pas de balance, gros malin ! - Et voilà, Je t'attendais là ! C'est là LE truc... Je faisais virevolter les ingrédients d'une main sur l'autre en tournoyant vers la porte. - Prends un couteau, là sur la caisse, un crayon... Il y en a un sur la table de nuit, du papier alu et une grande assiette... Et amène-toi... - On va où ? (À SUIVRE)
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Janvier 2018
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