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BARRANCA
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BARRANCA / ÉPISODE 12

8/18/2017

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BIENVENUE DANS CETTE AVENTURE DÉJANTÉE. Chaque vendredi retrouvez ici BARRANCA en lecture libre. 

​Résumé : Leurs examens réussis, à la suite d'un pari de jeunesse insensé, Victor et Romane se sont donné rendez-vous dans une petite ville inconnue, du sud des Etats Unis, Santa Clara. Victor et Romane trouvent à se loger dans la pension glauque de Mamma Gloria. Victor et Romane ont finalement réussi à s'endormir sous la tempête dans une chambre qui prenait l'eau de partout...

On s'était réveillé les pieds dans l'eau jusqu'aux chevilles. Les bougies flottaient le long du lit au raz du matelas. "Bon anniversaire !" avait rappelé, sans enthousiasme Romane, avant de poser le pied dans la flotte. La maison était plus que jamais déserte de tout habitant. La pluie avait cessé et le ciel s’était miraculeusement dégagé. On est passé chercher le minibus au grand garage de l'avenue Alameda et on est revenu à la chambre pour charger les dernières affaires. Romane avait préparé ses fringues. J'amoncelais les dernières provisions et mon sac à bandoulière sous la couchette du combi. J'enfilai un vieux blouson de surplus et j'abandonnai mon blazer et ses boutons dorés, tire-bouchonné sous le chambranle. On a fermé nos sacs et on a claqué la porte. Je jetai les clefs dans la loge désertée de Mamma Gloria. Tant pis pour la caution. Le VW jaune vif trônait devant le perron et n’attendait que nous pour démarrer. La ville s'animait à peine.  

J'observais les lettres métalliques du grand panneau central tournoyer à toute vitesse. Les avions avaient quitté l'aéroport depuis quelques jours et la plupart des vols étaient annulés. Le hall de l'aérogare avait des allures de guerre civile : vitres brisées et débris sur le sol. L'ouragan avait mis à sac la ville et nos esprits. Tout s'en trouvait chamboulé. 
Parce que les avions ça ne s'arrête pas comme ça. Si ils s'arrêtent, ils tombent. Si ils n'ont pas pu venir ici à cause de la tempête tropicale, c'est qu'ils sont allés ailleurs. Ils n'ont pas attendu en l’air qu'on leur dise de revenir. Et maintenant c'est le bordel. Certains reviendront mais avec du retard. D'autres ne reviendront jamais. Ils avaient autre chose à faire autre part, en tout cas, plus important que de revenir se poser à Santa Clara dans un aéroport saccagé. Cancelled dit laconiquement le panneau central. Ils ont trouvé mieux ailleurs. Des aéroports en état de marche , c'est pas ce qui manque. Le pilote dans son cockpit, qu'il vienne ici ou parte au loin, pour lui, ça ne change rien. Pour nous, ça change tout. Ça modifie les petites lettres dans des cases. Scheduled ou bien cancelled. Des lettres dans des cases, affichées à coup de “flap flap flap”. “Flap flap flap”, tu comprends : tu pars où tu pars pas.
Il me restait un espoir fou. Celui que le vol de Romane soit annulé aussi. Les gens s'activaient à nouveau, repris par une frénésie de la vie, impatients ou rendus nerveux par l'incertitude d’un départ. Tout reprenait comme si le temps perdu devait être rattrapé. La nature humaine grouillait à nouveau.
Nous étions à présent avalés par une autre machine, faite de petits gestes, de files d'attente, de regards, de coupons détachables, d'étiquettes sur les valises, de destinations exotiques. Imperceptiblement efficace.
Je tentai une dernière fois : 
- Le combi nous attend là-bas... Il ne tient qu'à toi...
On apercevait son toit jaune sur le parking de l'autre côté de la baie vitrée. 
- Tu vois le guichet d'embarquement ? 
Quelques rares avions étaient annoncés. Les panneaux continuaient de tournoyer, interminablement, figeant en quelques secondes saccadées des retrouvailles ou des séparations. Parfois aussi des grognements d'agacement fusaient lorsqu’un vol était annoncé annulé. Les “flap flap flap” insidieux comme un loto sarcastique, se jouaient des passagers à bout de nerfs. Le panneau tournoya d’un cran dans un bruit de crécelle : 10h55. Cette fois, c’était confirmé, le vol de Romane était maintenu. La fin approchait.
Tout était plus fort que nous. Désemparés, à mesure que les minutes s'écoulaient, il ne restait plus qu’à faire les bons gestes : avancer vers le comptoir, repérer une tête libre au sourire mécanisé, tendre le billet après avoir balbutié, sans l'entendre, la destination du voyage. Tout ce temps semblait inutile. Du temps perdu avec toute l'énergie qui va avec. Ecoulé pour rien. Temps vide, inoccupé. Temps vidé entre deux moments abandonnés. Temps destiné à meubler des itinéraires futiles. Les vies modernes se comblent de plein de ce temps inutile. 
Le billet de Romane glissa de mes doigts, happé par le costume en mission dont le sourire se voulait réconfortant. 
- Vous avez de la chance, Monsieur... 
- C'est Mademoiselle qui part...
- Pardon, Mademoiselle, …Votre vol est confirmé. Fit le costumé victorieux de la fatalité, mais l'avion sera plein... Vous fumez ?
- Non. 
Affirma Romane, étrangère à l’enthousiasme du type. Je vis qu'elle était autant affectée que moi, mais sa détermination était intacte. 
- Tu sais où tu retournes ? 
- Et toi, tu sais où tu fuis ? 

​(À SUIVRE)
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