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Résumé : À la suite d'un pari de jeunesse insensé, Victor et Romane se sont donné rendez-vous dans une petite ville inconnue, du sud des Etats Unis, Santa Clara. Victor et Romane trouvent à se loger dans la pension glauque de Mamma Gloria. À la fin de leur séjour dans la pension glauque de Mamma Gloria, Romane reprend l'avion pour s'en retourner à Clamart. Victor conduit son minibus tout juste acheté en direction de la plage immense... Tout alla très vite. Enregistrement, poids, étiquette, boarding pass, sourire final au milieu des vitres cassées et des courants d'air. - Porte 24, Annonça le triomphateur de fatalité. Là, juste devant vous… Je vous souhaite un agréable voyage, Mademoiselle ! Nous étions à présent allégés. Sans bagages, mais au point de non-retour. Une partie de Romane avait déjà disparu dans la machine. - Les bagages sont dans la soute, Vic... - On peut coincer la machine, les récupérer avec des pincettes, déclencher une alerte à la bombe, tu sais, dans ce cas, ils déchargent tous les avions et recomptent les valises, une par une... Ça laisse le temps de réfléchir ! - Je crois qu’on a eu le temps Victor. Ça ne serait que reculer pour mieux sauter... Tu le sais bien. Elle n’avait pas dit Vic. Je savais très bien. Tout nous avait conduit jusqu'ici, tout et surtout nous-mêmes. Je n'avais en réalité rien envisagé d'autre. L'épreuve était insurmontable. Comme un imbécile, j'avais un instant pensé que l'ouragan ou une grève des contrôleurs aériens pouvait encore changer le cours du destin sans comprendre que le coup était déjà joué depuis le début. Nous passâmes comme des somnambules le long des comptoirs aluminium où les files d'attentes s'allongeaient, jusqu'à la porte vingt-quatre. Romane, à son tour, comme ses bagages quelques minutes plus tôt, fut aspirée par un tapis roulant. Je la regardais s'éloigner dans sa robe rouge, rapetisser dans une bulle de plexiglas. Elle fit un signe de la main à mi-chemin et m'envoya un dernier baiser. À mon tour, je lui retournai un signe d'adieu. Elle fut happée. Ce fut le vide. Je sautai dans mon combi jaune et fonçai sur la petite route qui bordait l'aéroport. Je stationnai à l'endroit où la route s'approchait au plus près de la piste. Une double rangée de barbelés et quelques enjambées nous séparaient. Tout s'était passé si vite et pourtant, déjà tout ce temps écoulé, une semaine qui avait semblé inespérée, comme suspendue dans le temps et l'ordre. Une parenthèse dans la logique qui se déroulait depuis des années. Encore maintenant je ne voulais toujours pas y croire. J’avais pensé que nous serions les plus forts. L'avion se présentait à l'extrémité de la piste et me prouvait le contraire. L'air était chaud. J'étais seul sur cette petite route au bout de la piste. À quelques mètres, cet avion argent et rouge allait parcourir en quelques heures des milliers de kilomètres pour rejoindre Clamart et avec lui, Romane. Il allait foncer droit devant lui, vers l'autre bout du monde, sans état d'âme. J’imaginais Romane regardant par le hublot. M'apercevait-elle ? Voyait-elle le minuscule bus jaune sur le bord de la route ? Des liens invisibles reliaient encore nos carlingues métalliques pour quelques instants encore. Je grimpai sur le toit du minibus, surplombant les barbelés. L'odeur de kérosène devenait plus lourde, les filets d'air brouillé à l'arrière des réacteurs s'allongeaient. Le grondement s'intensifia brusquement et l'avion roula sur la piste, plus vite et plus petit à mesure que la distance augmentait. Il était à présent mêlé à une intense fumée noire, le nez se cabra. Il monta, rectiligne dans le bleu limpide. La vision se brouilla d'un seul coup, mélangeant l’azur et déformant le petit point : je pleurai. Furieux, la gorge nouée. Je venais de perdre la partie. Avec le silence retrouvé une impression de solitude me saisit sans ménagement. Debout sur le toit du minibus, promontoire dérisoire, gesticulant, en bout de piste, le visage embué, la rage au corps. Je fulminais - Merde ! Merde ! Quelle idiot ! Tout était flou devant moi et la piste se gondolait sous l'effet des larmes. Je m'assis, abattu. Je restais ainsi un bon moment. L'avion était bien au-delà de l'horizon, déjà anonyme et souvenir. Je redescendis en appuyant mon pied sur le rebord de la fenêtre, puis d'un bond, je sautai à terre. Le choc, plus rude que je ne l'attendais, me ramena à la réalité. Je grimpai à bord du minibus. J'avais du mal à trouver le trou du Neiman tant mon regard était encore brouillé. J'écarquillais les yeux à plusieurs reprises, en tirant mes joues vers le bas en tordant ma bouche afin de vider les dernières larmes, les pupilles regardant le plus haut possible. J'aperçus enfin la position de la clef et mis le contact. Je restais encore un moment songeur. Je n’aurais jamais cru que le vide fut si imposant. Comme par provocation, le ciel s’était mis au beau. Sans empressement, j'enclenchai machinalement la première. L'embrayage me sembla lourd. Je sentis le minibus se déplacer. Il remuait comme pour me sortir de ma torpeur. Je me déployais finalement, saisissant fermement le volant. Je fis un rapide demi-tour sur la petite route et, fixant la ligne d'horizon, Je descendais Alameda et je me dirigeais lentement vers la plage immense... (À SUIVRE)
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Janvier 2018
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