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BARRANCA
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BARRANCA / ÉPISODE 16

9/15/2017

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BIENVENUE DANS CETTE AVENTURE DÉJANTÉE. Chaque vendredi retrouvez ici BARRANCA en lecture libre. 

​Résumé : En conduisant son minibus tout juste acheté d'occasion, Victor fait un tonneau sur la plage. Il est sauvé à la nuit tombante par une frêle jeune femme en bolide rouge...

Nous roulâmes sur la plage un long moment. Je réalisai le chemin franchi pour arriver jusqu’à l’endroit de mon looping. Mes rêveries et les zigzags dans le sable m’avaient fait oublier la distance parcourue. La Corvette était confortable et silencieuse. La musique douce et les basses puissantes finirent de transformer le trajet en flânerie disco.
Je détestais cette idée de laisser mon bus abandonné comme ça sur le sable. Il était offert à d’indéfinissables visiteurs qui auraient toute la nuit pour opérer tranquillement. De plus, je pressentais que toutes les répercussions de ma culbute n’étaient pas encore achevées. Sûrement, au moment où j’étais mollement vautré sur la sellerie en cuir de la Corvette, quelques liquides continuaient de couler au profond de son âme métallique : l’huile d’olive devait dégouliner le long du matelas, s’imprégnant au cœur du kapok. Le restant de la bouteille de vin chilien de mon anniversaire s’étalait à coup sûr sur les duvets, glissant jusqu’aux sacs de riz. Heureusement qu’il n’en restait qu’un fond. Sans compter l’essence et l’huile du moteur qui se mélangeaient immanquablement avec le sable sur la batterie avant de se répandre comme un coulis sur la dernière part du quatre-quarts qui avait accompagné ma dernière soirée avec Romane, dans notre petite piaule de la rue N. Je pressentais que le merdier ne faisait que commencer. 
Depuis que nous avions laissé le combi, un silence gêné s’était établi dans l’habitacle feutré. Nous roulions au rythme du dernier tube de l’été, les lumières clignotaient comme sur le tableau de bord d’un Boeing. 
C’est tout juste si nous avions échangé un coup d’œil furtif. Tous les kilomètres, un panneau indiquait une aire de pique-nique équipée d’une table et de bancs en lourd bois brut. Trois étaient déjà dépassées. Chacun d’entre nous était retourné dans sa sphère après l’incident qui nous avait réunis. La chemise de mon ange gardien gonflait et ondulait sous l’effet du vent qui s’engouffrait par la vitre à demi baissée. Ses manches étaient retroussées jusqu’au-dessus des poignets. Le hasard venait de nous placer côte à côte. Qu’avions-nous de plus à nous dire ? Devais-je lui raconter le détail de mon double axel ? Étais-je tenu de lui parler de l’avion de Romane ? Devais-je aborder l’histoire de la tour du Vieux-Pont à Clamart ou de la façon de faire un quatre-quarts sans doseur ni balance, ou encore lui décrire les mois de sacrifices pour acquérir mon vieux camping-car et les espoirs qu’il emportait ? Je pariais qu’elle s’en battait l’œil. La Corvette sentait le propre, le net, le « briqué-à-fond ». Économiser durant des mois pour aller au bout du monde, ça ne devait pas l’effleurer des masses. Encore moins pour aller contempler le rivage de la mer de Cortés. Le prix d’un litre de fioul pour un réchaud de camping, ça ne devait pas la chatouiller non plus. On roulait depuis plus d’une demi-heure, il était bien temps de commencer à se renifler.
– C’est chouette ce que tu as fait. Beaucoup ne se seraient même pas arrêtés... Tu viens souvent sur cette plage ? 
Les mots étaient sortis vraiment cons, mais l’intention y était. Je me rendis compte que je ne l’avais même pas remerciée. La plage était déserte. Elle conduisait d’une main et passait l’autre inlassablement dans ses cheveux châtains que le vent décoiffait aussitôt. Sa chemise était nette comme dans une pub comparative. Elle engloutit le compliment en esquissant une moue. 
– C’est une promenade que je fais souvent le soir, la vue est magnifique et l’air y est moins étouffant qu’en ville. 
Elle parlait d’un ton mou en remontant le pare-soleil devenu inutile. 
– D’autant que ça faisait plusieurs jours sans sortir… 
– Je t’ai gâché la balade...
Sa main terminait sa course dans sa chevelure. Elle pencha son visage vers moi, un sourire s’amorça au coin de ses lèvres. 

​(À SUIVRE)
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    format 12,5 x 20 cm, 418 pages,
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    ​EN LECTURE LIBRE

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