Résumé : En conduisant son minibus tout juste acheté d'occasion, Victor fait un tonneau sur la plage. Il est sauvé à la nuit tombante par une frêle jeune femme en bolide rouge...
– Tu rigoles ! La mer, on ne sait pas ce qu’on y rencontre... Il y a des algues et des crabes et tout un tas de trucs… Pouah ! Je préfère nager dans ma piscine ! Je réalisai que Caroll ne s’était jamais baignée dans la mer ! Comment avait-on pu en arriver là ? Elle baissa le son de l’autoradio et repassa son pouce jusqu’à la pointe du col de sa chemise. – Tu as vu les rubans rouges et bleus sur l’antenne radio ? C’était suffisamment flamboyant pour que je ne les rate pas. Les franges de couleur vive flottaient comme un étendard. Depuis son irruption sur la plage, je ne voyais qu’eux. – C’était qui la mariée ? – C’est pour King ! – King... Kong ? J’en rajoutais maladroitement, mais je ne voyais pas vraiment qui aurait pu être affublé d’un tel patronyme, à part ce grand singe et Elvis Presley. – Je meurs de rire ! King Arthur, c’est mon collège. Ne plaisante jamais avec ça, Victor. – Alors il n’y a pas de mariage ? – Ben non ! Rouge et bleu, c’est les couleurs de King Arthur... À la fin de l’année, c’est la fête du lycée, il y aura une kermesse qui sera conclue par un grand match de basket contre l’équipe du collège de Veracruz... Chaque année, on rencontre une ville différente, alors, pour financer tout ça, chaque élève de King Arthur doit vendre le plus possible de rubans... Pour remplir les caisses, tu comprends ? Voilà… Elle rit de bon cœur. Je t’en propose... si tu veux... – Oh là, là ! En ce moment, tu vois, je suis comme fauché et ce n’est pas ce qui m’arrive aujourd’hui qui va améliorer la situation, mais promis, dès que je me refais un peu, je participerai. – Du boulot, tu dois pouvoir trouver ça en ville en ce moment... avec les dégâts de l’ouragan. Je te propose un marché : viens à King Arthur un de ces jours, on est en pleine préparation de la fête, on n’a pas trop de petits bras, tu nous donnes un coup de main et on sera quitte... Caroll ne perdait pas le nord. La nuit était totalement noire. Ça faisait un moment que nous avions quitté la plage et nous roulions à présent sur le bitume. Caroll parlait sans s’arrêter de King Arthur, de ses boums, de sa copine Judy et du match de basket de fin d’année contre le collège de Veracruz. Un vrai moulin. Nous passâmes Santa Clara-South Pass et le pont-levis de l’entrée du lagon. – Ce sont les premiers colons arrivés ici qui ont construit ce pont au début du siècle. Autrefois, tout cela n’était que des marais. Ils les ont asséchés. Elle m’indiquait la lande sur la droite de la route. – À l’époque, le pont rejoignait les deux rives et débouchait sur South Pass. Au début, c’était un petit village de pêcheurs sur la presqu’île, puis c’est devenu le port. Tout le trafic commercial de Santa Clara transitait par là. Une voie ferrée longeait la côte et apportait les marchandises sur la terre ferme. En ce temps, South Pass et son petit chemin de fer ont permis à Santa Clara de devenir une ville opulente. Époque révolue ! fit Caroll dans un rictus amusé. – Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle... – Tu ne vois pas ce qu’il y a de drôle parce que tu n’es pas d’ici. Aujourd’hui, Santa Clara a absorbé South Pass et tout ça est devenu la station balnéaire en vogue que tu vois aujourd’hui. C’est drôle, non ? Je hochai le menton pour lui faire plaisir. – Ce qui est moins drôle, c’est qu’en 1936 le pont a été emporté par un ouragan. Ce fut un des plus violents jamais vus sur cette côte, un classe cinq… Ce sont les plus terribles. Santa Clara a été balayée cette nuit là. Un peu comme hier soir, mais encore plus violent. Tout a été inondé par une déferlante de plus de sept mètres de haut. Le niveau de l’eau est monté si vite que beaucoup d’habitants n’ont pas eu le temps de se mettre à l’abri. Le pont a été emporté. Encore aujourd’hui, les esprits sont très marqués par cette catastrophe. Mais, ici, personne n’aime parler de ça. – Ça a dû être une épreuve terrible... – Même mes parents n’en parlent jamais... Santa Clara existe toujours, mais le port marchand n’a jamais été reconstruit. La ville a trouvé la voie du tourisme. Les élus ont développé ce côté balnéaire... Mais, depuis cette catastrophe, Santa Clara a un mauvais rapport avec les ouragans... – Et South Pass, c’est devenu quoi ? – Tu vas te rendre compte par toi-même : c’est là qu’on va... (À SUIVRE)
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Janvier 2018
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