Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5. Sauvé de justesse par Caroll, Victor arrive dans une petite maison en bois à l'extrémité de la ville...
Je m’adossai à mon sac près du canapé. Caroll embrassa tour à tour chacun qu’elle semblait connaître. Sa chemise en coton bleu immaculée tranchait plus que jamais dans cette ambiance de tons camaïeux où dominaient les rouges sombres, les verts profonds et plus généralement les couleurs sales. – Salut José ! lança-t-elle au type qui se tenait sur une vielle bicyclette, au fond de la pièce. Dan s’appuya sur l’épaule de José en s’adressant à moi : – Victor, voici José, le plus poète d’entre nous ! José n’apprécia pas franchement : – Tu laisses tomber ça, Dan, s’il te plaît. Il appuya sur la pédale et commença à faire lentement le tour de la pièce sur le vélo, évitant soigneusement les disques et les paquets de cigarettes qui traînaient sur le vieux tapis afghan effiloché. Dan enchaîna : – Lui, c’est Eduardo, notre chef de tribu, voici Darleen, le plus beau cul de la région. Là-bas, le petit un peu jaune, c’est Mik. Puis à tous, d’une voix plus forte, Dan annonça : Les gars, je vous présente Victor, un rescapé du train fantôme ! Cette fois, José s’esclaffa pour de bon. – Depuis qu’on en attend un, il fallait bien qu’il surgisse ! On va voir la gueule que ça a… – C’est quoi cette histoire, il y a une fête foraine par ici ? fis-je en m’appuyant contre mon sac que je trouvais soudainement confortable. – Oh ! c’est une légende qui court à Santa Clara, commença à raconter José, depuis le terrible ouragan de trente six... Il y avait une voie ferrée le long de la côte. Elle a totalement disparu et n’a jamais été reconstruite. Il n’y avait plus de train… C’est devenu un train fantôme ! José arrêta son biclou et posa le pied à terre. Caroll fit une moue. Je compris que tout cela était du pipeau. Elle pointait Dan de l’index. – Alors, José, toujours avec ce mec dangereux ? Ça ne t’a pas suffi ? – Ne viens pas foutre la pagaille ici. José reprit sa ronde à vélo, passant dans l’autre pièce habilement, en prenant bien soin de ne pas toucher les chambranles avec les coudes. – Tu cherches quelque chose ? Écoute, ma vieille, je ne sais pas ce qui nous vaut ta présence et ce soudain regain d’affection, mais ici on a choisi de respirer notre bordel. S’il te plaît, Dan, dis-lui... Toi, elle a l’air de t’écouter... – Caroll, c’est de l’histoire ancienne... intervint Dan en se dirigeant vers la cuisine. Il attrapa une bouteille à moitié remplie. – On verra ce que vous ferez ! – Ça t’obsède, décidément, notre avenir, on dirait, dit José en se relevant sur les pédales dans un élan sportif. – Tu as une mine déconfite, Victor... Attrape ça, c’est un petit remontant ! Dan avait surgi et me tendait un verre de cantine en Pyrex rempli à moitié d’un alcool blanc. Il s’excusa de sa désinvolture lors de mon arrivée, qui n’était, dit-il, qu’apparente. Pour me réconforter, il affirma ensuite que les minibus VW étaient bien plus solides qu’on ne le pensait et qu’on pourrait certainement le réparer complètement. L’intention était louable, malgré les effets de manche pour rattraper sa bourde à mon arrivée. José réapparut dans le chambranle, toujours aussi acharné à ne rien toucher au passage du deux-roues. Je goûtai la mixture. – Tequila ? – Margarita frappée… Mais sans le sel... Je l’ai oublié ! Je ne dis rien. Mais je pensai que décidément ici tout devait être toujours dans l’à-peu-près. – José, tu continues à peindre ? José freina et faillit tomber de son vélo. Il stoppa net. (À SUIVRE)
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Janvier 2018
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