BARRANCA / ÉPISODE 24

Résumé : Amérique, sud des Étas-Unis, après le passage violent d'un ouragan de classe 5. Sauvé de justesse par Caroll, Victor arrive dans une petite maison en bois à l'extrémité de la ville...  

– Juste au moment où j’allais battre mon record ! Six fois le tour des pièces sans poser le pied ! Regarde autour de toi, Caroll, fit-il, indiquant les fresques peintes à la bombe sur les cloisons. 
– Ah ! C’est toi, ça ? 
Caroll était interloquée par les figures étranges surgissant des murs. Elle trouvait étranges les expressions rageuses des personnages forts en couleurs. À vrai dire, elle ne comprenait pas non plus cette manie qu’avait José de peindre directement sur les murs. Tous ces graphismes lui paraissaient effrayants et tellement loin des scènes champêtres encadrées sur les murs de papier peint de la maison familiale. Elle considéra José avec un air dubitatif et posa ses deux mains de part et d’autre de ses yeux, les index appuyés fortement près des sourcils, simulant des œillères. 
– Tu peins toujours avec ces tons criards comme tu faisais à King Arthur, visiblement. 
– Je ne vois pas pourquoi je changerais pour te faire plaisir… King Arthur, c’est une autre époque... Ça fait un bail, maintenant...
– Vous aviez charrié, avouez-le...
– On n’a rien charrié du tout ! Nasty Tales était une bonne histoire ! répliqua sans ménagement Dan.
– À ne pas mettre entre toutes les mains ! C’était drôlement cochon, quand même !
– C’était politique surtout ! Et très bien réalisé ! Reconnais que c’était du bon boulot. Et puis, c’est grâce à ça qu’on s’est confrontés à Dan.
– C’était saignant ! 
Darleen pensa qu’il était nécessaire de me mettre un tant soit peu au parfum. Elle dégagea trois cendriers, s’allongea sur la moquette et me chuchota sur le ton de la confidence : 
– Nasty Tales était une petite revue que Dan et José ont créée il y a quelques années à King Arthur. Ça se distribuait sous le manteau avec un certain succès. Il faut dire que NT – c’était le nom de code – parlait davantage de politique et de sexe que de la guerre de Sécession ! 
Darleen s’était redressée sur le canapé en secouant la main pour passer le joint. Elle avala une taffe et ajouta :
– Un jour, un numéro de NT est arrivé jusqu’au bureau du proviseur. 

​(À SUIVRE)